Nicolas de Germay, Président de Alandia industries et de l’association ARE* : « Dans un contexte de crise, nous avons pu démontrer l’efficacité de ces procédures de prévention »

Article publié le 16 octobre 2009 dans Les Echos:

Quelque deux ans après l’entrée en vigueur de la loi, la réforme des procédures collectives at-elle atteint son but ?

La loi nouvelle constitue indiscutablement une avancée car elle fournit une réelle protection au management de l’entreprise. Il est désormais certain que quand il va pousser la porte du tribunal pour présenter le plan de restructuration de son entreprise, il ne sera pas en concurrence avec une offre de rachat ou un plan alternatif. L’entrepreneur est donc assuré de garder la main. A lui de préparer son plan, d’en discuter avec ses créanciers et à le faire adopter, le cas échéant, par le tribunal.

La prévention des difficultés des entreprises est-elle entrée dans les moeurs ?

Oui et non. L’ARE vient de lancer, avec l’aide de l’Ifop, le premier sondage auprès des adhérents (avocats, administrateurs judiciaires, experts-comptables, conseils…). Les remontées  » du terrain  » sont très intéressantes.

Quels sont les enseignements ?

Deux choses. La première c’est que le management a peut-être vu que la procédure de sauvegarde était un outil incitatif mais il ne l’a toujours pas comprise, il la trouve trop compliquée. En revanche, les chefs d’entreprise et leurs conseils ont parfaitement assimilé tous les avantages qu’ils pouvaient retirer des procédures de prévention comme la conciliation et le mandat ad hoc. Dans un contexte de crise, nous avons pu démontrer l’efficacité de ces procédures de prévention : selon notre étude, 28 dossiers sur 30 ont été sauvés grâce aux procédures de prévention.

Les conseils doivent-ils encourager leurs clients à pousser la porte du tribunal de commerce quand les premiers signes des difficultés se font sentir ?

Oui car un chef d’entreprise attend toujours le dernier moment pour pousser la porte du tribunal. Nous connaissons nous les signes avant-coureurs patents.

Quels sont-ils ?

Le premier signe c’est bien sur la trésorerie. Or, trop souvent cette tension de trésorerie va être interprétée par le chef d’entreprise comme une nécessité de restructurer son bilan : il va aller voir sa banque pour obtenir des délais, un prêt,discuter de délais de paiement… Or, nous le savons, ces tensions de trésorerie ne sont souvent que la traduction d’un déséquilibre du compte de résultat de l’entreprise. Le prêt n’est qu’une respiration très temporaire. L’entrepreneur doit aller plus avant et prendre les choses en main : réfléchir sur les conditions d’exercice de son métier et, surtout, accepter une vraie remise en question pour comprendre ce qui s’est passé.

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